A World behind Another, par Cédric. 2006, Tous droits réservés
The Eagle soars in the summit of Heaven,
The Hunter with his dogs pursues his circuit.

O perpetual revolution of configured stars,
O perpetual recurrence of determined seasons,
O world of spring and autumn, birth and dying
The endless cycle of idea and action,
Endless invention, endless experiment,
Brings knowledge of motion, but not of stillness;
Knowledge of speech, but not of silence;
Knowledge of words, and ignorance of the Word.

Where is the Life we have lost in living?
Where is the wisdom we have lost in knowledge?
Where is the knowledge we have lost in information?

T. S. Eliott in Choruses from The Rock (1934)


Je parle toutes les langues
Toutes langues même oubliées
Ou même obscures je les comprends
Seulement assez pour te les dire
Mais je les comprends
Dans leurs racines
Dans leurs chuintements leurs sifflements de mille syllabes
Tu veux m’entendre dire les orphelines celle de l’enfance
Aux gobelets plastiques
Celle rose bonbon un peu acidulée qui vous claque aux mâchoires tellement qu’elle est piquante
Je peux la dire celle-là aussi
Moi je connais toute les langues
Toutes les images que l’on peut dire
Même celles sans signe
Même celles sans rien
Où l’on glougloute pour ne rien dire
Je fais très bien aussi crois moi
Des blis des blos
Des glouglous
Et des bliglos
Des imbroglios et des pas pareils
Des borborigmes dérivés de bli
Des cahin-cahas
Qui arrivent un jour
Oui j’ai ça en moi
Des langues pas pareilles
Qui diffèrent un peu
Qui décollent l’oreille pour faire des sons
Plein de mots épais qui collent à la bouche comme des chewing-gums
Des mots à mâcher comme pâte à dent
Hapax de toute chose ou répétition

Langues de bric et broc langues de bric à braque qui remuent poussière
Fendues par le milieu
Langues recousues pour faire l’affaire en arlequin
Pantalonnades à proférer
Langues chiffons langues recyclées
Para acariciar
Para acariciar
Para acariciar
Langues toutes tendues même un peu stressées
Toutes chargées d’histoires et pleines de passé
J’en ai même des vierges vierges de toutes choses
Aux sons sans pareils qui ne disent qu’eux
Aux sons dérivant façonnés de lettres aux couleurs d’aurore
Pleins de mots trop plein regorgeant de toi de vous et les autres
Notre langue à nous si vous voulez bien
Mes mots tout bizarres mon langage de peau
Mon langage de doigts tremblant de désir
Qui se glisse parfois un peu sur ta nuque dans le coin des lèvres
Que j’attarde parfois comme sur ta paupière
Mon langage de doigts tremblant de désir

Passage de l'âne, vague à l'âme souterain



« Xavier. Il n’y a pas des centaines de situations
Le nombre de situations possibles ça se réduit à trois ou quatre pas plus
Chacune avec un certain nombre de variantes
Sophie. Le nombre de situation est infini
Chaque situation recommence le monde
Xavier. Le monde serait impensable
Sophie. À quoi sert de penser ? »
Michel Vinaver, Portrait d’une femme.

Happée par les mots qui ne sonnent qu’une fois
Tu écris contre la justification
Drôle d’idée tout de même
Quand on sait qu’on va y revenir
Et qu’on est là pour cela
Sans savoir ce qu’on y fera

Répétons nos histoires
si tu veux
Sous l’égide de l’unique occurrence
Un événement
A chaque fois
Un événement
Immodeste et ludique
Quelle prétention tout de même

Je te suis
Mais pour ne pas verser touriste
Du tout à l’écrit
Soignons notre exil

Soyons...hapax
dans la répétition

A méditer...

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