Qu'est-ce qu'il faudrait écrire aux pères - comment s'adresse-t-on a eux, et depuis quelle langue, depuis quel pays ? Comment est-ce que l'on parle à ceux qui ont enfanté, semé, oublié - ou pas. Quels mots doivent rejoindre tous ceux que l'on se promet un jour de dire.

Il y a toutes ces lettres posées en pile en bord de bureau, en bord de dossier, sur le seuil de notre et de vie et de la sienne, lettres écrites - ou presque - lettres renoncées -mais pas vraiment - toutes ces piles de paroles qui attendent - on ne sait trop quoi - accumulée en tas au bord de ma mémoire

Toutes ces lettres écrites ou qu'il faudrait - lettres pour le futur d'échange

Comment est-ce que l'on parle aux pères - ne serait-ce le singulier rien ne serait aussi simple. Comment on s'approche d'eux ...

Comment les gestes simples, les propos anodins même ceux là on ne sait

Qu'est-ce que l'on peut dire dans la croisée d'une rencontre abstraite

Alors je vous demande comment s'adresse-t-on, sous quelle loi on s'y trouve

J'avais cru bien faire en lisant Kafka, il n'y a eu que le vide du règlement de compte - pas le prêt-à tout-faire pour ouvrir cet espace des pères (qui est pays lointain)

Qu'est-ce que l'on dit - quand on croit que la date approche
Sous quels visages on peut se retrouver semblable avec un père - ou deux -

Comment on tend la joue pour la bise se glisse, comment on mange ensemble en face au restaurant comment on tend la main pour se dire au revoir, comment on parle de rien de tout et sans y croire comment on se contente - et qu'on s'en réjoui - de prendre seulement avec un père - ou trois - le temps d'une ballade en plaine

Est-ce qu'il y a un sentier qui y mène, une route secrète que l'on m'aurait cachée, est-ce qu'il y a un fleuve à descendre - retordre, dévaler qu'importe - pour revenir dans les flots - où est-ce qu'ils sont ces putains de territoires reculés - ces terres vaines - Ta voix a dit tout prêt - mais s'est tue quand il fallait parler

- un jour on y viendra - ce que tu as dit - me le suis imaginé tout du moins

Est-ce qu'on en sort un jour de ces figurations
Est-ce que l'on finit vraiment sous des histoires de pères


Paul Claudel - cents phrases pour éventail -


Je porte des langues, voilà ce qui tant pèse

le poids de toutes ces langues, chargées, denses, épaisses de tant de mots - que trop épaisses parfois - mais je porte ces langues - un peu comme un grand pull - et la laine contre la peau qui écorce parfois - toutes ces langues traînées, partout, emmenées avec soi - parce qu'il faut bien dire - et le grand pull immense, déployé, dont on ne sait que faire. Toutes ces langues charriées, parlées pour faire monde, et dans les mains étrangères - comme des baies - glissées.

Et quelles langues tu portes, vers quels lieux tu les mènes et pourquoi ces voyages ? Il y a surtout celle secrète, celle qui s'écrit dans l'entre-deux de nos instants et qui se refusera toujours

Langue écrite pour ne pas être lue, tracée pour ton regard seul - langue comme une robe que l'on met dans sa chambre - les soirs - pour se trouver jolie, langue de tes instants qui sont sans partage, seulement les traits tracés à l'ombre de ta correspondance

C'est la langue que tu parles et l'on goutte à sa source

Source : Elysee.fr; L. Blevennec © Service photographique de la Présidence de la République - Tous droits réservés


Du rythme qu'on s'accorde pour un emploi du temps
de la gestion des heures, des problèmes et des perspectives
où comment l'on voudrait jongler en immédiat, couper l'herbe sous le pied pour un temps de latence

"il y a dans la vie des gens qui croient nécessaire, pour être entendus, d'adopter un ton sérieux, de prendre la voix de Dieu le père. Ces gens-là sont à fuir. On ne peut décemment les écouter plus d'une minute, et d'ailleurs ils ne parlent pas: ils affirment. Ils donnent des leçons de morale, des cours de pédagogie, d'ennuyeuses leçons de maintien. Même quand ils disent vrai ils tuent la vérité de ce qu'ils disent. Et puis, merveille des merveilles, on rencontre ici ou là [..] des gens qui se taisent comme dans les livres. Ceux-là on ne se lasserait pas de les fréquenter. On est avec eux comme on est avec soi: délié, calme, rendu au clair silence qui est la vérité de tout."
Christian Bobin

De l'agenda du président
et de ce qu'il y manque, et de l'absence de temps pour prendre le recul

Et plus que la chronique que pourra-t-on en dire... Puisque dans l'interstice où se place la latence il n'y a plus que le bouillonnement ininterrompu d'une politique boulimique qui fait son beurre des médias et prend de court tout autre discours



Mardi 18 septembre 2007 :
12 h 00
M. Jacques BARROT, Vice-président de la Commission européenne en charge des Transports, et M. Joseph DAUL, Président du Groupe PPE au Parlement européen.
14 h 30
Discours à l'occasion du 40e Anniversaire de l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS) – Palais du Luxembourg.
17 h 30
Entretien avec M. Jean-François ROUBAUD, Président de la CGPME.
Mercredi 19 septembre 2007 :
10 h 00
Conseil des Ministres.
- -
Déplacement en Loire-Atlantique sur le thème de la fonction publique - Discours à l'Institut régional d'administration (IRA) de Nantes.
18 h 00
Cérémonie à la mémoire des victimes du terrorisme, en présence de Mme Françoise RUDETZKI, Présidente de « SOS Attentats, SOS Terrorisme » – Hôtel des Invalides, jardin de l'Intendant.
Vendredi 21 septembre 2007 :
09 h 50
Discours à la Cité des Sciences et de l'Industrie à l'occasion de la Journée mondiale de la maladie Alzheimer.
13 h 00
Entretien avec M. Bertie AHERN, Premier ministre irlandais, suivi d'un déjeuner de travail
.

De l'aube au soir et de la nuit, l'on en finira pas

Regards



« Le noir était pour les aveugles une couleur aussi inconnue que le blanc ou le rose.
Aucun œil ne voyait noir, tout comme aucune oreille de sourd ne pouvait transmettre un silence,
mais une absence de silence ou de stridence. Les aveugles ne voyaient rien, tout simplement.
Ils ne vivaient pas dans les ténèbres, car le nerf qui aurait pu
leur en donner la conscience était amorphe. »
Hervé Guibert, Des Aveugles





- De l'imagerie des vieux amants -

Voilà à quoi nous ouvrent les portes d'Internet, les grands débarras d'image où chacun charrie son lot d'instantanés intimes

Voilà le grand repas auxquels nous sommes conviés - entrez chers amis - entrez - ne soyez pas en peine. Voyons ! Tous le monde a bien vu, déjà, ce que maintenant vous observez. Ne soyez donc pas si timide, gêné - on se regarde tous, se reluque sans problème à des milliers de kilomètres de distance - et pendant ce temps [Suave, mari magno turbantibus aequora ventis,
E terra magnum alterius spectare laborem
] où chacun vaque à sa tâche - les éboulis se déchaussent peu à peu - Mais entrez donc, ne vous faites pas ainsi prier - il y a de la place pour tous et pour tous les regards. Voyez comme tout circule, comme on capitalise jusqu'à l'image de soi -

On ouvre un tiroir qui n'est pas le notre - distant - si ce n'était la continuité technologique - pleins d'images qui ne sont pas les nôtres - pas de celles travaillées, reprises plutôt de ces vieux films faits en présence des enfants - qu'on accroche sur les pages des albums aux pages épaisses de papier kraft, des images de pères Noëls (au moins une soixantaine - les couleurs différentes selon les années, la qualité de la pellicule, tantôt jaunes, parfois recouvertes d'un fin reflet vert, d'autre fois encore plutôt rouge orangé), d'autres d'anniversaires (au moins le double - et les boucles brunes qui grandissent au fil des clics, les visages qui se déchiffonnent, prennent un pli définitif); d'autres encore plus vieilles - cartes postales en noir et blanc parfois écrues à peine lisibles - vieux costumes d'antan, robes surannées, collées sur mon écran; il y a aussi la série sur le chat, celle sur le vieux chien tout sec qui perd ses poils quand les photos défilent - remplacé ensuite (après cinquante photos) par un plus gros, plus poilu aussi -pris de plus près depuis la truffe; il y a les incontournables photos de vacances qui paraissent exotiques parce que tirées d'un vieux roman américain - Jim Harisson ou quelque chose du genre - un goût de grange et de paille séchée sur des hectares de terre ; et puis on revient en arrière - multiplication de clics pour retrouver une de premières pages - les deux enfants, le drapeau - immense - l'autre plus petit entre les doigts de la gamine - 4 juillet 1976 - 31 ans je me dis - âgés à présent - et c'est pour nous comme cela - la main sur le drapeau et les petites fesses minuscules posées sur la pelouse - qu'il resteront toujours -

- De l'imagerie des vieux amants -

Voilà enfin sur quoi l'on tombe



Série de portraits un peu datée - mais séparée des vieilles photos - il y a une légende :
Old boyfriend when they were little boy - il n'y en a que quatre dans les tons gris bleutés - on referme l'album en un clic - lui aussi à présent il sera là toujours - du haut de ses quatre ans - pour quel âge aujourd'hui ? Et pour vous aussi - le regard gris bleu des film super8



De ce que l'on devrait dire - écrire - mais que l'on ne dit pas - et tait à force de silence - de ce qu'il faudrait défaire - déprendre - pour que le temps s'ouvre - mais qui reste impassible
Et du silence dont il faudrait parler - ou bien peut être pas

Seulement laisser la place d'être, se tenir là juste au bord de ce que l'on voit venir
pour que se profile la silhouette
Et si l'on parlait du silence - croyant au moins que ce serait possible - mais sans y arriver - tourner dans les paroles jusqu'au point de se taire
Chouette programme de ritournelle
Voilà ce qu'il faudrait songer
Mais l'on y pense trop à ne pouvoir le faire
Et de ce qu'il en pense - lui - loin déjà



Les écritures et langages ont été trouvés, afin que présents, absents, vifs et morts, manifestant l'un à l'autre le secret de nos cœurs, plus facilement parvenions à notre propre félicité, qui gît en l'intelligence des sciences, non point au son des paroles : et par conséquent celles langues et celles écritures devraient plus être en usage lesquelles on apprendrait plus facilement. Las et combien serait meilleur qu'il y eût au monde un seul langage naturel que d'employer tant d'années pour apprendre des mots!

Du Bellay


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