On pourra toujours faire comme si
le mot
toutes nos vierges de paroles
se tenaient au-delà (parfois bringuebalantes - sur le point de tomber - mais droites tout de même)
mais ce sera comme si
parce qu'au fond - certitude muette - du chant silencieux
qui ne saurait que dire devant la blessure du sens

Toujours être en retard sur soi

Pour être certaine
de ne pas manquer le rendez-vous
des autres




Ça aurait pu être de marcher toujours
De l’un de l’autre
Sans trop penser
La bouche distendue par les cris qui venaient
Qui poussaient
Qui frayaient un passage dans le souffle court

Mais ça n’a pas même pas été ça
Pas même ça
Dont on aurait pu se souvenir



"Les gens qui crient la nuit dans le gouffre se donnent tous des rendez-vous. Ces rendez-vous ne sont jamais suivis de rencontre. Il suffit qu’ils soient donnés." Marguerite Duras, Le Navire Night

" Et ce qui fait un destin au niveau des événements, ce qui fait qu’un événement en répète un autre malgré toute sa différence, ce qui fait qu’une vie est composée d’un seul et même Événement malgré toute la variété de ce qui lui arrive, qu’elle est traversée d’une seule et même fêlure, qu’elle joue un seul et même air sur tous les tons possibles avec toutes les paroles possibles, ce ne sont pas des rapports de cause à effet, mais un ensemble de correspondances non causales, formant un système d’échos, de reprises et de résonances, un système de signes, bref une quasi-causalité expressive, non pas du tout une causalité nécessitante. "
Gilles Deleuze, Logique du Sens, p. 199.

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