Ce qui ne veut pas partir

« La catastrophe consiste à arrêter les choses
avant qu’elles ne prennent fin » Jean Baudrillard,
Les stratégies fatales.

Paris l’été s’offre comme un fruit trop mur délaissé par quelque gourmand écœuré de son sucre rance : la ville se survit à elle-même dans la chaleur du gris des routes – écorchées vives par les travaux, les arrachages de crépis et les nouveaux bitumes qui s’apprêtent à couler. Vide et pourtant fourmillante sous les assauts répétés des constructions et des chantiers qui hérissent les quartiers de millier de non-lieux. La ville est délogée d’elle-même pendant le temps que dure cette intense activité. Mise en quarantaine dans sa propre chambre tandis que s’affaire le peuple des changeurs d’allure. Bientôt, elle retrouvera son rythme chaotique, plus neuve et retenue qu’elle ne l’était l’année précédente.
Et pourtant, regardant bien, on découvrirait qu’elle n’a pas changé et que les déshabillements estivaux ne sont que des parades destinées à occuper l’air dense d’un mois d’août qui ne veut pas partir.

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