impossible peur

Le soir, c’est souvent le soir, ou bien c’est en plein jour quand vous n’êtes pas seul, justement quand vous n’êtes pas seul, ou plutôt dans la solitude d’être avec des inconnus qui ne vous regardent pas, dans le confinement du métro, ou dans la nuit d’un théâtre, et dans la nuit de la chambre, c’est tous les jours, ces minutes de concentration physique, pendant lesquelles vous éprouvez la poussée de la mort. D’aucuns parleraient de la fuite du temps. Mais le temps ne fuit pas, il vous pousse comme une force blanche, il s’insinue dans vos expirations, et alors vous pensez, vous y pensez de toute votre cage thoracique, que le souffle d’air qui vient de sortir n’est plus, sitôt été, que le mur bleu éteint de la chambre n’est plus, que le plafond où erre votre vision n’a pas d'identité. Vous y êtes. Au point ultime de contraction où votre corps vous fait comprendre, à sa manière bien à lui, que votre passé, que votre à-venir, ne sont que lieux de mémoire. Vous voudriez repousser l’espace à ses extrémités, vous en extraire pour voir ce qui reste. Vous arrêtez de respirer. Vous arrivez sur le point de nuit, vous ne faîtes qu’y arriver. Car bientôt s’engouffre une salve de durée, qui vous décharge, qui vous disculpe, de votre tâche infinie. Vous avez peur. Vous vous dites que vous avez le temps. Vous avez peur.

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