le tombeau des mains

Soupape. L’appel d’air qu’on souffle en un soupir. On ferme les yeux, mais ça ne se voit pas. Puis on attend de se refaire un corps architectonique qui tienne la carcasse de ses forces vives. Mal au dos quand même à me tenir ainsi assise sans tenue et toute aspirée par les touches muettes. J’attends que les tendons entre mes chairs me rappellent leur départ de vie, parce que là, je n’en peux plus de ces froissements de doigts oublieux de leur vitesse et de leur formidable attachement au reste. C’est monstrueux de s’oublier ainsi soi-même et d’oser écrire cela, reste. Est-ce le reste qui prend l’initiative d’ouvrir les vannes et d’avancer ailleurs sur le papier pixel, et quel voie peut-il bien explorer, ce reste qui appelle et crie et me pince les vertèbres pour me réveiller, où plutôt me tirer, depuis son propre sommeil, vers ses différentiels de vie, déplacements vivaces de l’être en le reste de ce corps qui tient tout seul et sans égard, qui remue à tout petit feu entretenu d’oubli ? j’ai honte de l’abandonner ainsi quand les pieuvres n’écrivent même plus pour elles. On appelle cela du travail. Les pieuvres travaillent d’arrache-ongle, mais j’ai bien peur que ce soit en vain. Qu’est-ce qu’elles peuvent bien agréger à s’évertuer ainsi contre le délai de leur propre mouvement ? Toute autre tâche, je dis bien toute autre, me les rendrait plus aimables. Toi, tu as trouvé, tu roules loin, tu t’enfonces dans les non-lieux et tu reviens toute embuée de joie, réchauffée au vent de ta vitesse entière et dépliée, fraîchie de toi-même, tout près, tout près de toi et partout en tes muscles fourmillant. Des escarbilles dans les yeux, et le souffle souverain. Tu prends le livre, et tu t’y loges à nouveau, le crayon alerte et griffu. Le mien me tombe haut des mains.

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