Deux jours que l’on habite le plateau. Deux jours pleins que l’on travaille sur la scène dans le silence. La musique seule. Pas de mots. Seulement des gestes. Des corps. Beaucoup de corps. Nus.
Grande poussée vers l’humanité, depuis le corporel. Des dos des torses nus s’échappent le long d’un mur dans une pénombre rasante. Rien. Quelques notes viennent ensuite. Le flux indistinct des corps qui s’enfilent. Un corps qui le premier appelle les autres à suivre. Cela ne pouvait être autrement. Il fallait ouvrir la suite, prélude de forces vives qui viennent nourrir les autres.
Et puis de tous ces dos si purs et nus émergent peu à peu comme autant d’esquisses d’être des annonces de duos. C’est dans les deux à deux que commencent à surgir un peu de l’homme debout. La peau glisse en couple le long du mur. S’amuse à déjouer la régularité d’un flux trop continu. Aller retour et va-et-vient. On se superpose s’interpose se compose dans le temps de cette fuite
La surface blanche des corps s’imprime sur le noir de la surface, la lumière monte, lèche. On glisse. Et puis les couples sitôt posés qu’ils s’écroulent et qui chutent. S’affaissent le long du mur. Ça dégouline. Les corps qui filaient s’échappant vers un point d’horizon aveugle se composent en tableau. Autant de corps le long du mur. Ça chute ça tombe chaotique frénétique. Ça s’agite fort.
Grouille
La surface blanche des corps s’imprime sur le noir de la surface, la lumière monte, lèche. On glisse. Et puis les couples sitôt posés qu’ils s’écroulent et qui chutent. S’affaissent le long du mur. Ça dégouline. Les corps qui filaient s’échappant vers un point d’horizon aveugle se composent en tableau. Autant de corps le long du mur. Ça chute ça tombe chaotique frénétique. Ça s’agite fort.
Grouille
Tremble 
S’enchevêtre déchaîné 
Se mêle sans souci de l’ordre du désordre et du tout 
Se compose au fil des soubresauts, retours au sol, telle main frappe violemment le mur, le torse collé respire le visage revenu désordonné respire yeux clos déjà à terre respire revenu à la terre la main au mur souffle on frappe s’ébroue revient retombe laisse abandonne se forme déforme en tas au mur 
Et revenus ensemble recomposés en groupe respirant toujours tendus vers la hauteur et les bras se hissant et la respiration s’ouvrant et le tas éclatant se disperse au sol plus bas plus bas chahutant dans les basses ça grouille de corps partout en rythmes désordonnés et l’un se lève se dresse perdu comme égaré dans tout ce champ de corps 
Alors on se relève lui seul il les relève tous ces autres engourdis dans leur torpeur violente il les relève et le monde avec lui pointe l’aurore des deux
Un peu de l’homme debout
Un peu de l’homme debout
La terre se dresse et les corps avec elle chancelants encore toujours avec elle qui ne cesse de tanguer comme de quelqu’un qui vit et qui meurt trop plein de vie en décharge traversant tous les corps 
Ça bouge et déjà se découvre l’horizon du monde qui commence avec eux 
Elle ombre chinoise aquarelle de bras fins si légère et petite 
Lui étiré au-dessus d’elle dans sa grandeur d’enfant géant 
Ils prennent vie dans le spectacle de ce couple d’enfants 
N’est-ce pas là que le monde commence
Au croisement de la main d’une aquarelle blonde repliée dans ses bras 
Ils occupent à deux ce temps tellement dense si plein de la naissance du monde 
Et déjà d’autres roulent roulent en traversée approchent du seuil leurs duos de fortune 
Et déjà se dessine un autre espace on reprend des motifs mais la saveur est autre le monde est là debout et les hommes déjà prêts à jouer le théâtre de l’amour et la vie 
On entre en badinage avec du Vivaldi bien loin des rives de ces corps désordonnés raffinements exquis pour le plaisir de la préciosité on entre en scène avec une robe table 
Porte une grille comme un vitrail s’amuse de son reflet en un écho sonore 
Boucles blondes aristocrates remuées par un rire 
Et nous voilà à la table du monde 
Repli 
On disparaît 
Monte la scène de plein d’objets coupe l’espace le tranche scindé dans sa diagonale où ils vont se rejoindre et déjà ils ne peuvent plus être seuls une fois de plus à la table du monde 
La rumeur de tous ceux rassemblés comme conviés à on ne sait quel banquet imaginaire 
Ça circule en rire et en voix tout le long de ces bancs ça murmure et chahute ça s’enferre et s’entête et l’on se tait soudain 
Reprend le rythme mécanique de pantins qui saluent 
En douceur en douceur en douceur 
On recompose au mur et la page est fermée. 
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