Paysage en drame



Drame de couleur, aplats dilués, superposés, reposés dans leurs nuances… délivrés de la couleur et étalant son savoir sur des lettres comme signes, sur des mots revenus, dans leur épaisseurs plates à autres choses - connu. Éteignez vos écrans reprenez donc vos feuilles, fouettez un peu cet allant qui démord dans la langue pour retrouver le signe, chorégraphie légère, calligraphique, sensible. Déliez déliez déliez à la dérive du panorama qui s’offre. Où l’on apprend encore qu’il y eu une parole. Qu’il y eu un son muet qu’on écouta mourir
Où l’on apprend encore qu’il y eu une parole
Ça que je voudrais peindre, ça qu’il faudrait reprendre
Modestement bien sûr, à tâtons dans le tout-va publicitaire
Ça qu’il faut essayer
On a déjà tenté
Tendre vers la feuille qui boit boit boit encore à plus soif et marque vos hiéroglyphes
Chaque parole est un crime dévastateur porteur de néant oui on tue beaucoup dans la langue plus qu’il n’est permis dans des horizons sages mais l’on épelle aussi la forme en tâches et en traits
Imaginez un tableau toile immense et blanche vide de tout belle dans sa nudité
On la gratte frotte décrotte
Jusqu’au dessin
Derrière l’aplat de blanc il y a le paysage
Derrière la surface vide il y a tout ces sentiers chemins de routes à suivre ou pas -
Derrière le grand silence il y a prélude à tout à rien
Beaucoup de chose en germe pour nos petits pinceaux
Imaginez une toile immense et blanche vide de tout
Recouverte maintenant de ses mots nécessaires
Peu nombreux
- Il ne faut point trop dire -
Dispersés, alignés, sagement disposés où se faisant la malle foutant le camp en débandade se Barrant se barrant toujours plus près là calmés fidèles un peu trop sans doute
vieilles bêtes amicales la tête sur vos genoux
Bavant de toutes leur babines oui c’est ça comme repliés sur vos genoux
Image du berger qu’on voudrait ressortir
Icône en bouclette
Et pantalon de toile
Et repartant sitôt reposés
Course folle sitôt reprise
Tantôt fuyant
Tantôt revenant
S’approchant bientôt à nouveau
Fourbus
Pleins
Contents
Imaginez la toile tragédie de couleurs de liquides de tâches
de souillures abstraites
de montagnes effacées
RENIFLANT
Familière votre odeur
Voyez donc cette toile où les lettres se posent silencieuses au rythme du pinceau de la main qui dessine frottant grain du papier
La langue est sèche
Aride
Les voilà repartis
On a envi de taire
Elle a besoin de boire hydropique peut-être
La langue a soif soif soif
Donnez-lui de l’eau des paysages entiers pour son espace à elle
Rebu de pas grand chose chiffons de presque rien bigarrures évanescentes qui vous collent aux talons
La langue a soif meurt d’aridité dans son désert immatériel
Mots secs parcheminés
Regardez-les se diluer se reformer dans les couleurs
Regardez-les comme ils bougent comme ils s’effacent comme ils remontent
Gonflés gorgés grouillant partout à même la feuille
La langue a soif
Comme il est temps de la faire boire


Emportons la aux banquets des savants mouillons nos papilles de couleurs
Pataugeons mes frères à marée basse c’est tellement mieux que pourrait-on y faire on n’y comprends plus rien
- tout est possible-
Et bien bravo

La langue a soif
Comme il est temps de la faire boire

J’ai parlé dans le vide sur la surface d’une feuille les mots ont résonnés – entendus peut-être – Qui sait ?

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