Epuiser le présent

Primat du visible moins du visible d’ailleurs que de ce que serait l’instant vécu en tant qu’on pourrait le transmettre, le raconter, le ressaisir par l’image ou dans les mots – réel de seconde main en quelque sorte – pris en étau entre le désir de ce qu’on voudrait se voir être, s’entendre dire, se voir dire et faire et ce qu’on pourrait en retransmettre, lente fabrication de l’image et de la mémoire, précieux miel qui demande le labeur des années, acharnement véritable et borné qui se coule dans un présent asservi au futur – tirant de cette présence même sa qualité, son intime valeur, alors même qu’il n’aura jamais été vécu, transporté seulement, d’avant en arrière, selon l’avant ou l’après de l’érection d’une substance : la servilité du temps pour la fabrique de soi.

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