Cairn pour une mémoire

Nous sommes le fruit contracté d’un grand prélude inachevé.
Il est des avortements connus de tous dont on demeure inconsolable et pourtant souverain.
René Char, A une sérénité crispée.

Là où l'on finit usé, il n'y a plus que les marnes grises - oui où l'on fini usé il n'y a plus que cela
- marnes grises à perte de vue - sans vie ou presque - que cela finalement les marnes grises
Mais l'on y respire frais et l'on y est appelé

Panorama d'errances qui demandent le pas, l'arpentage silencieux et recueilli, sentiers en arabesques chevelues pour les roches, la langue de terre tracée presque déjà couleur de cendre
Le point de solitude ; pour la vérité à soi comme passer le gué
Rejoindre la longue plaine pour l'ivresse du parcours et ne pas oublier de se taire, d'essorer les mots, étriller les souvenirs à la recherche du rien et des espaces gris, des bulles de silence où peut naître une parole

Suivre toujours les cairns, l'espace de chemin dessiné dans le rien, suivre toujours les tas, les monticules absurdes qui s'enfilent sans fin dans le désert élevé, prolonger la vagabonde jusqu'à perdre sa soif, et le goût de ces mondes,
rejoindre les routes sèches, pilonnées par le temps
poursuivre halètement qui parole léger
se muer en regard et faire tourner les rives
Invitation au voyage que celles-là - tous ces espaces d'oubli car on se perd dans le regard
Et puis encore fouler le Sol - usé - des marnes grises - lunaires et vides mais au-dessus les plateaux secs

Il y a eu tout cela dans la moiteur d'un samedi noir et puis la nuit - vers qui l'on tend -


2 commentaires:

sur certains cairns, une pierre plane posée sur le devant, comme en reconnaissance du chemin trouvé, du chemin brisé sur le chemin perdu -

28 juillet 2007 à 22:25  

Et après quoi ? L'horizon qui enivre gorgé de lac de sel, d'images carte postales au joli goût de sucre, et les remparts au loin dont on entend les rimes. Mais on suit les chemins dont on ne sait où il vont - car il nous faut les prendre -

Le jour est à son étincelle,
J'avance.

30 juillet 2007 à 10:21  

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