"On n'attend jamais personne - songea-t-il de nouveau.
Le monde n'attend rien. Jamais rien."
Julien Gracq, La presqu'île
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Ce soir – encore - galets et plage - pas avancés pour faire venir le soir, la musique et les voix. Ce soir, encore, on fourmille, s'active et s'ébroue dans tous les sens pour que le songe advienne, que prenne la magie un peu fée - en résistance d'abord mais toujours malgré soi. On attend dans le grésillement que revienne le silence de tous ceux réunis - habitués, touristes égarés, consentants ou mal assis - le bruissements parfois des cigales entêtées, des grillons en troupeaux cachés dans l'herbe sèche. On attend que s'élève le son, la note pure des reflets de roche - bois poli des formes et mire à l'ombre des falaises. Et toujours les halos de brun, de rouge qui traversent les replis des pierres.
Ce soir – encore - on gonfle les lunes jusqu'à les faire pleines, l'incandescence des lieux avant que la langue ne trébuche sur les plaques déclives.
Le chant des pierres ce soir - résonance minérale –
Et avant,
Trouver le mouvement du sol, les plis du paysages qui sauront porter les vibrations des bois.
- Attendre encore – pour que la forme prenne.




2 commentaires:

et c'est la forme qui nous prend...

...

« Il ne faudrait qu’attendre, pensa-t-il encore. Seulement attendre. Mais il y a quelque chose de défendu à attendre cela. (…) Le monde ne parle pas, songea-t-il, mais, à certaine minutes, on dirait qu’une vague se soulève du dedans et vient battre tout près, éperdu, amoureuse, conter sa transparence, comme l’âme monte quelquefois au bord des lèvres.»

Gracq, Presqu'île

27 juillet 2007 à 17:02  

Et l'on défait les mailles du monde...

« Devant lui il y avait ce rideau baissé encore, mais remué de souffles et traversé de lumières, contre lequel les feux de la rampe attendait de flamber. Entre les deux le temps qui était bon à prendre. »
« On eut dit que le monde tissé par les hommes se défaisait maille à maille : il ne restait qu’une attente pure, aveugle, où la nuit d’étoiles, les bois perdus, l’énorme vague nocturne qui se gonflait et montait derrière l’horizon vous dépouillaient brutalement. »
Gracq, Un balcon en forêt.

28 juillet 2007 à 10:07  

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